Divorce : guide pour gérer vos comptes bancaires

Divorcer n'entraîne pas la fermeture automatique des comptes des ex-époux, qu’ils soient communs ou non. Il fait seulement état de la répartition des actifs entre les ex-conjoints. De plus, se pose la question de l'utilisation de ces comptes pendant la procédure de divorce qui, selon les situations, peut justifier la mise en place de certaines précautions.

Cela peut impliquer de révoquer une éventuelle procuration bancaire donnée, de clôturer certains comptes ouverts en commun (compte joint) et/ou d’en répartir les avoirs dans le respect du jugement de divorce. À ces fins, comment bien gérer ses comptes bancaires pendant et après un divorce ?

Publié le 25 mars 2025

Un couple qui va divorcer se renseigne auprès d'un expert pour connaître les implications d'un divorce sur leurs comptes bancaires.

Les implications financières du divorce

Le divorce a des conséquences financières importantes, notamment sur la gestion des comptes bancaires et la répartition des avoirs. Selon le régime matrimonial choisi lors du mariage, les ex-conjoints peuvent se retrouver avec des obligations ou des droits différents sur leurs comptes. Il est donc essentiel de comprendre ces implications pour anticiper au mieux la transition financière après la séparation, prenant en compte les biens acquis dans le cadre de la vie commune.

Les types de régimes matrimoniaux et leurs effets sur les comptes


Le régime matrimonial détermine la manière dont les biens et les comptes bancaires des époux sont gérés pendant le mariage et répartis en cas de divorce. En France, plusieurs régimes existent, chacun ayant des conséquences spécifiques sur la gestion des comptes bancaires lors d’une séparation.

1 - La communauté réduite aux acquêts (régime légal, en l’absence de contrat de mariage)


Dans ce régime, les revenus et les biens acquis pendant le mariage sont considérés comme communs, sauf les revenus propres reçus par donation ou héritage. Ainsi, les comptes bancaires ouverts durant le mariage et alimentés avec des revenus du couple sont généralement considérés comme des biens communs et les sommes doivent être partagés en cas de divorce.

2 - La séparation de biens


Ici, chaque conjoint conserve la propriété exclusive des biens et comptes bancaires ouverts à son nom. Chacun gère donc ses finances de manière indépendante. En cas de divorce, il n’y a pas de partage des sommes inscrites sur les comptes individuels, sauf si un compte joint a été ouvert.

3 - La communauté universelle


Dans ce régime, tous les biens et avoirs des comptes bancaires, qu’ils aient été acquis avant ou pendant le mariage, appartiennent aux deux époux. Lors du divorce, tout est partagé à parts égales, sauf disposition contraire dans le contrat de mariage.

4 - La participation aux acquêts


Ce régime fonctionne comme la séparation de biens pendant le mariage. Cependant, en cas de divorce, un calcul est effectué pour évaluer l’enrichissement de chaque conjoint, et un rééquilibrage financier peut être effectué.

Le choix du régime matrimonial influence donc directement la gestion des comptes bancaires après un divorce. Il est conseillé de bien comprendre ces règles pour éviter des complications lors de la séparation.

Quelles sont les conséquences d’un divorce sur les comptes bancaires ?


Lorsque le divorce est prononcé, plusieurs mesures doivent être prises pour sécuriser la gestion des comptes bancaires et éviter tout usage abusif des fonds. Les conséquences varient selon le type de compte détenu par les ex-conjoints.

Les comptes joints


Un compte joint reste utilisable par les deux titulaires jusqu’à sa clôture. Si aucune action n’est prise, chaque ex-conjoint peut continuer à effectuer des opérations, ce qui peut entraîner des tensions, voire des abus. Pour éviter cela, il peut être en théorie possible de demander une transformation du compte joint en compte indivis, nécessitant l’accord des deux parties pour toute transaction, ou de le clôturer après répartition des fonds conformément au jugement de divorce.

Les comptes individuels


Un compte bancaire personnel reste la propriété de son titulaire après la séparation. Toutefois, si des fonds communs y ont été versés, l’autre conjoint peut en réclamer une partie lors du partage des biens, en fonction du régime matrimonial.

La gestion des comptes bancaires pendant le divorce

Pendant la procédure de divorce, la gestion des comptes bancaires devient une question centrale. Il est essentiel d’adopter des mesures pour protéger ses finances, éviter les abus et assurer une répartition équitable des fonds. Les actions à entreprendre varient selon la nature des comptes détenus et la situation financière des ex-conjoints.

Options pour le compte joint : maintenir ou clôturer ?


Pendant la procédure de divorce, la gestion du compte joint devient une source potentielle de conflits. Avant et après le divorce, chaque titulaire conserve le droit d’effectuer des opérations, sauf en cas de mesures judiciaires restrictives. Il appartient donc aux cotitulaires de faire le nécessaire auprès de leur banque :

  • Si des obligations financières subsistent (ex. charges liées aux enfants, remboursement de crédits communs), le maintien du compte joint peut être préférable pour faciliter la gestion courante du foyer.

  • À l’inverse, si un accord est trouvé entre les deux parties, le compte peut être clôturé avant la fin du divorce. Cette démarche doit être effectuée en concertation avec la banque, après avoir réglé les opérations en cours et transféré les prélèvements automatiques sur d’autres comptes.

Protection des comptes individuels


Pendant le divorce, sécuriser ses comptes individuels est primordial pour éviter tout accès non autorisé ou tentative de retrait abusif. Quelques réflexes permettent de limiter les risques :

  • Révoquer les procurations si l’ex-conjoint dispose d’un accès au compte en tant que mandataire. Une simple demande auprès de la banque suffit.

  • Surveiller les transactions afin de détecter rapidement toute opération inhabituelle et la signaler si nécessaire.

  • Modifier les coordonnées bancaires pour les virements de salaire et les prélèvements automatiques, notamment si ceux-ci étaient liés à un compte joint.

  • Anticiper un éventuel gel des comptes ordonné par un juge, en maintenant une réserve financière disponible.

Comment détecter des comptes cachés ?


Lors d’un divorce, la transparence financière est essentielle. Pourtant, il arrive qu’un conjoint dissimule certains comptes bancaires pour minimiser le partage des avoirs. Outre une investigation personnelle (via les relevés bancaires ou les déclarations fiscales par exemple), une enquête bancaire par l’intermédiaire d’un avocat peut être soumise au juge afin d’ordonner une recherche approfondie auprès des établissements bancaires.

Bon à savoir : en application de l’article 1477 du Code civil, le fait notamment de dissimuler un compte alimenté par des fonds communs entraîne le versement de l’intégralité des fonds du compte bancaire à l’époux lésé.

Comment réorganiser ses finances après un divorce ?

Une fois le divorce prononcé, il est essentiel de restructurer ses finances pour retrouver un équilibre et anticiper les nouveaux besoins. Cela passe notamment par une répartition des actifs bancaires et l’adoption de nouvelles stratégies financières adaptées à la situation.

Répartition des actifs bancaires


Après le divorce, les comptes et les avoirs doivent être répartis conformément aux décisions de justice ou aux accords entre ex-conjoints. Cette étape implique plusieurs démarches :

  • La fermeture des comptes communs et la redistribution des fonds selon les termes du jugement.

  • La répartition des sommes des produits d’épargne (livrets, assurance-vie, PEA) lorsqu’ils étaient alimentés avec des fonds communs. Toutefois, les produits d'épargne peuvent être conservés par leurs titulaires respectifs (Livret A ouvert au nom de Monsieur par exemple).

  • La gestion des crédits en cours, notamment en cas de co-emprunt, pour éviter toute responsabilité financière indue.

Nouvelles stratégies financières à adopter


Le divorce modifie la situation financière, nécessitant souvent une réorganisation budgétaire et patrimoniale. Quelques ajustements à envisager :

  • Revoir son budget pour s’adapter à une éventuelle baisse de revenus et ajuster ses charges.

  • Sécuriser son épargne en fonction de ses nouveaux objectifs (prévoyance, projets à long terme).

  • Mettre à jour les bénéficiaires des contrats d’assurance-vie et d’autres placements financiers (PER assurance par exemple) pour éviter des transmissions non souhaitées.



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Antoine LAGADEC

Juriste d'affaires de formation (MBA en Droit des Affaires et Master en Droit de l'entreprise et fiscalité).

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Questions courantes sur les conséquences d'un divorce sur les comptes bancaires

Pour clôturer un compte joint après un divorce, les deux titulaires doivent signer une demande de fermeture et solder le compte. Il est conseillé de transférer les prélèvements et virements avant la clôture. En cas de désaccord, une lettre envoyée en recommandé demandant la désolidarisation (appelé aussi “dénonciation du compte”) peut être envoyée à la banque, qui pourra bloquer le compte jusqu'à un accord entre les ex-conjoints.

En cas de divorce amiable, les ex-conjoints décident ensemble du partage des comptes bancaires. Les fonds des comptes joints sont répartis selon leur accord, puis ces comptes peuvent être clôturés. Pour les comptes individuels, chacun conserve ses avoirs, sauf si des fonds communs y ont été déposés. L’accord de divorce formalise la répartition des actifs financiers.

Vider son compte personnel avant un divorce peut être risqué. Si les fonds sont considérés comme communs (selon le régime matrimonial), cela peut être perçu comme une tentative de dissimulation d’actifs et contesté devant le juge. En cas de doute, il est préférable de consulter un avocat pour éviter tout litige et s’assurer que la gestion des finances reste conforme aux obligations légales.

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