L’indice de la peur, un outil pour mesurer l’incertitude des marchés
Sur les marchés financiers, l’indice de la peur est plus connu sous le nom de VIX, pour « Volatility Index » en anglais. Il s’agit d’un indice un peu particulier qu’il convient de bien distinguer des indices plus classiques qui expriment la santé des sociétés cotées sur les marchés boursiers ou qui évaluent un secteur économique ou une zone géographique. Calculé quotidiennement sur l’indice S&P 500 (qui est basé sur les 500 principales sociétés cotées sur les bourses aux Etats-Unis), il ne sert pas à en exprimer la valeur du marché financier américain mais sa volatilité.
Plus précisément, créé en 1993, le VIX est coté en points de pourcentage et son rôle est de traduire approximativement les variations du S&P 500 sur les 30 jours à venir. Il est calculé par la CBOE (Chicago Board Options Exchange), sur la base des options d’achat (call) et de vente (put). Mais pourquoi est-il surnommé l’indice de la peur, vous demandez-vous ? À cause de la manière dont il fonctionne : plus cet indice affiche un score élevé, plus cela signifie que la volatilité sur les marchés est importante et que les investisseurs sont alors paniqués et désorientés.
En d’autres termes, plus il est élevé, plus la peur et la nervosité sont présentes sur l’ensemble du marché financier concerné. À l’inverse, plus l’indice de la peur affiche un score faible, plus la volatilité est faible et plus la sérénité concernant l’avenir du marché est au rendez-vous.
Même si l’indice de la peur se base sur le S&P 500 et concerne donc avant tout la bourse américaine, il s’agit en réalité d’un indicateur avec une portée mondiale. Pourquoi, vous interrogez-vous ? Parce que les plus grandes entreprises cotées sur les marchés américains (comme Apple, Microsoft, Boeing, etc.) ont très souvent un impact sur l’économie mondiale et donc sur les autres places financières. Par ailleurs, au-delà du VIX, deux autres indices de volatilité ou « indices de la peur » existent désormais : le VXN suit l’évolution du Nasdaq 100 et le VXD celle du Dow Jones.
Le VIX, ou indice de la peur, s’exprime sur une échelle allant de 0 à 100. On identifie plusieurs paliers et plusieurs tendances :
Entre 10 et 15 : le marché évolue dans un climat de confiance et la volatilité est faible ;
Entre 20 et 30 : le marché est quelque peu nerveux et volatile mais il peut être haussier ;
Au dessus de 30 : le marché connaît une forte (voire très forte) volatilité.
C’est le signe d’une forte chute des cours ou même parfois d’une crise majeure.
Pour bien interpréter l’indice de la peur, ce qu’il faut retenir c’est que l’élément le plus important est sa variation et non son niveau. Ce sont les variations qui indiquent l'évolution du moral des investisseurs sur le marché financier : quand ils sont pessimistes, le VIX tend à monter ; quand ils sont optimistes, il tend à baisser.
En moyenne, sur les dix dernières années, le VIX a atteint une moyenne de 16 points. Au total, depuis sa création et jusqu’en 2020, il n’avait dépassé le seuil des 40 points que six fois. Avec la crise du coronavirus, qui a conduit à un ralentissement brutal de l’économie mondiale suite aux mesures de confinement mises en place pour enrayer la pandémie, l’indice de la peur a fortement augmenté et franchi le seuil des 85 points durant le mois de mars 2020. Il s’agit de son plus haut niveau depuis la crise des subprimes en 2008. Le VIX est finalement revenu à 30 fin avril et continue à descendre depuis.
Pour beaucoup d’investisseurs, la volatilité est source de peur car elle rend impossible (ou presque) de prédire les fluctuations d’un actif. Dès lors, l’indice de la peur constitue un indicateur crucial à surveiller régulièrement pour prendre les meilleures décisions possibles et au meilleur moment sur les marchés financiers. En prévoyant les potentielles variations des 30 jours à venir, il permet à chacun d’anticiper un minimum.
Dans le même temps, pour certains investisseurs, la volatilité peut aussi constituer une opportunité à saisir, notamment grâce à de nombreux produits dérivés qui ont le VIX pour sous-jacents, comme les options par exemple. Attention toutefois, ces investissements sont réservés aux investisseurs très expérimentés et ayant le goût du risque.
Source: Webedia, Juin 2020.
Crédit visuel : Pattanaphong Khuankaew / EyeEm, Gettyimages.