Inflation ou déflation, quelle différence ?
Contrairement à l’inflation, qui se caractérise par une augmentation durable et notable du niveau général des prix dans une zone économique donnée, la déflation se définit de son côté par une baisse générale, continue et auto entretenue des prix et un gain du pouvoir d’achat de la monnaie. Dans les faits, en langage économique, on peut parler de déflation lorsque l’Indice des Prix à la Consommation Harmonisé (IPCH) publié de façon mensuelle par l’Insee est négatif pendant plusieurs trimestres consécutifs. Cela signifie alors que le prix du panier de produits consommés par les ménages entre deux périodes est en baisse.
À noter que la déflation peut être dite sectorielle, si elle ne touche qu’une partie de l’activité économique, ou généralisée.
Il est aussi important de ne pas confondre déflation et désinflation compétitive. Cette dernière désigne une politique visant à favoriser le ralentissement du rythme de l’inflation pour améliorer la progression du pouvoir d’achat et gagner en compétitivité-prix. En pratique, dans le cas d’une désinflation, l’indice général des prix diminue mais reste positif. Dans le cas d’une déflation, aussi appelée inflation négative, l’indice général des prix passe sous le taux de 0%.
Dans notre société actuelle, les exemples de désinflation ne manquent pas, notamment dans la zone euro. En revanche, les cas de déflation sont beaucoup plus rares. Au cours du siècle écoulé, seuls deux ont été recensés : la déflation des années 1930, qui a débuté aux Etats-Unis avant de toucher l’Europe, et la déflation qui a touché l’économie japonaise dans les années 1990.
On notera tout de même que la zone euro a frôlé la déflation au cours des années 2010 : entre octobre 2012 et janvier 2016, le taux d’inflation annuel avait en effet chuté de 2,5% à 0,3%. Tout proche d’un taux négatif, donc. 1
Qu’est-ce qui provoque une déflation ?
Dans les deux derniers cas observés, c’est un choc financier précipitant l’économie dans une crise profonde qui a provoqué la déflation : un krach boursier aux Etats-Unis en 1929 et un krach boursier puis immobilier au Japon entre 1990 et 1992.
De manière générale, la déflation est le résultat d’un déséquilibre durable entre l’offre et la demande. L’offre devient et demeure supérieure à la demande, ce qui génère mécaniquement une baisse des prix qui s’auto-entretient pour écouler les stocks.
Ce déséquilibre entre l’offre et la demande peut avoir plusieurs origines. Il peut s’agir d’une surproduction de biens et d’offres de services, d’une baisse des coûts de production, d’un surendettement (on parle alors de déflation par la dette), de politiques économiques d’austérité ou de monnaie forte ou encore de plusieurs de ces éléments cumulés.
Pour contrer le risque de déflation dans la zone euro ces dernières années, la Banque Centrale Européenne a mis en place deux mesures : une baisse de ses taux d’intérêt directeurs et un programme de rachat d’actifs sécurisés pour favoriser l’accès au crédit à très faible coût pour les ménages et les entreprises.
Les conséquences de la déflation
À première vue, la déflation est une bonne chose pour le consommateur, avec des prix de biens et de services qui baissent et des ménages qui voient alors leur pouvoir d’achat augmenter considérablement et durablement. Mais, en réalité, les conséquences de la déflation sont plus néfastes que positives.
Dans un premier temps, la baisse continue des prix n’incite pas forcément les ménages à consommer. Au contraire. La déflation économique incite les ménages à reporter leurs décisions d’achats, en attente de prix toujours plus avantageux. Ainsi, la consommation globale baisse et les stocks de biens et services non écoulés augmentent. Cela conduit à une baisse de la production et des investissements. En cela la déflation peut entraîner une baisse des salaires, la hausse du chômage et, surtout, la formation d’un cercle vicieux entraînant au final une chute du pouvoir d’achat des ménages et donc moins de consommation.
D’autre part, la déflation peut aussi avoir des conséquences négatives sur la situation financière des particuliers et des institutionnels qui ont recours à l’emprunt, avec un coût réel de la dette qui augmente avec la baisse de l’indice général des prix.
La seule exception concerne la déflation sectorielle, qui peut avoir des effets positifs. Lorsque la baisse des prix concerne seulement un secteur et quelques produits, sans qu’elle affecte l’indice général des prix, elle peut renforcer la demande pour les produits concernés et alors inciter à la consommation !
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Source: Jellyfish, Septembre 2021
Crédit visuel : Burak Kebapci, Pexels