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Comment expliquer la stagflation ?

Alors que la hausse des prix s’envole cette année 2023 en France et à l’international et à l’heure où la croissance économique stagne, vous entendez peut-être parler du phénomène de stagflation qui menacerait le pays. Zoom sur ce que désigne ce terme, né il y a une cinquantaine d’années.

Publié le 3 février 2023

La stagflation mêle hausse des prix et ralentissement de l’activité économique.

La stagflation, un phénomène qui associe inflation élevée et croissance économique lente

Terme résultant de la contraction des mots « stagnation » et « inflation », la stagflation décrit une situation économique très particulière marquée par un double phénomène : un ralentissement de la croissance économique (associée à un taux de chômage élevé) et une forte hausse globale des prix dans le même temps. En d’autres termes, la stagflation désigne le fait qu’une inflation des prix et une stagnation de l’activité économique s’associent. 

C’est au Royaume-Uni que cette notion a été utilisée pour la première fois, pour décrire la situation économique du pays au milieu des années 1960. Elle a ensuite de nouveau été employée pour désigner la situation de l’ensemble des pays frappés par le premier choc pétrolier dans les années 1970. Avant cela, les économistes considéraient qu’une hausse globale des prix ne pouvait s’accélérer que lorsque le taux de chômage était au plus bas, ce qui ne correspond pas du tout à la réalité de ce que la stagflation désigne. Selon cet ancien raisonnement, une hausse de la demande de biens et de services contribuait à augmenter les prix et encourageait les entreprises à embaucher, suscitant ainsi encore plus de demande. 

Pour pouvoir parler de stagflation, deux éléments doivent donc pouvoir être constatés de manière objective et marquée : une hausse des prix et un ralentissement économique. Le tout sur une période longue. En effet, il n’est pas juste de parler de stagflation pour une courte période de trouble de quelques mois seulement. Le phénomène doit durer plus d’un trimestre minimum. De manière générale, une stagflation désigne un phénomène qui dure une ou plusieurs années.

À noter que, en cas de forte inflation et de décroissance durable de l’économie – et non de ralentissement de l’économie, on parle de « déclinflation » (ou slumpflation) plutôt que de stagflation. Par ailleurs, la stagflation est aussi à distinguer de l’hyperinflation, qui désigne de son côté une inflation très élevée et rapide avec des prix augmentant en moyenne de plus de 50% par mois. Les deux phénomènes économiques témoignent de deux réalités différentes mais peuvent toutefois être provoqués par la même cause.

Quels sont les éléments qui provoquent une stagflation ?

On estime que deux éléments principaux peuvent contribuer à l’émergence d’une stagflation. L’un de ces éléments est la création importante de monnaie par un pays ou par une banque centrale. Cette forte création de monnaie peut générer une forte inflation (voire une hyperinflation) si la croissance économique ne suit pas.

L’autre élément qui peut conduire à une période de stagflation est l’augmentation du prix des matières premières. Celui-ci augmente alors les coûts de production des entreprises, réduit leur capacité de production et les incite à augmenter les prix de leurs produits pour continuer de produire des bénéfices. À moyen et long terme, cela peut provoquer une inflation associée à une chute de la consommation et à un ralentissement de la croissance économique.

Pour lutter contre la stagflation, les banques centrales, qui cherchent à maintenir des prix stables et à maximiser l’emploi, ont pour mission de mettre en place diverses politiques monétaires et budgétaires afin de chercher à aider les marchés économiques à revenir vers un certain équilibre et surtout ne pas aggraver la conjoncture.  De leur côté, les gouvernements cherchent à soutenir les ménages et les entreprises pour relancer la croissance.

Existe-t-il un risque de stagflation à l’heure actuelle ?

Les périodes de stagflation les plus marquantes ont eu lieu dans les années 1970, au moment du choc pétrolier, alors que la baisse de l’offre avait frappé la croissance et alors que la hausse des prix avait provoqué une inflation. Depuis, la situation économique mondiale comme nationale avait échappé à ce phénomène, à l’exception de deux périodes entre 1979 et 1981 et entre 2008 et 2009. Mais la période actuelle est associée à un risque plus élevé de subir une nouvelle stagflation, pour plusieurs raisons.

D’une part, la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, avec toutes les restrictions et les confinements qui y sont associés, ont entraîné une baisse puis une hausse soudaine de la consommation, avec certains secteurs d’activité qui ont alors dû faire face à de grosses difficultés en matière d’approvisionnement. D’où des conséquences directes sur l’offre, l’activité économique et les prix. 

À cela, s’ajoutent depuis quelques mois d’autres éléments qui perturbent à leur tour les marchés économiques. Le fait que les ménages français cherchent à épargner plutôt qu’à dépenser ces dernières années contribue à une croissance faible. Aussi, la guerre en Ukraine, notamment, a provoqué une nouvelle hausse des prix, particulièrement sur les énergies et les matières premières (charbon, gaz, pétrole, blé…). 

Verdict, ces derniers mois, le PIB français fait du sur place, la consommation des ménages recule et les prix augmentent. D’où un risque réel de stagflation au cours des mois à venir. 

Quelles conséquences pour les investissements ?

En période de stagflation, dans un contexte économique morose, les opportunités de gain financier sont généralement moins abondantes et moins faciles à identifier que dans une période plus optimiste. 

Cela étant dit, certains secteurs restent potentiellement intéressants pour les investisseurs. C’est notamment le cas de l’énergie, des produits et services de base (industrie agro-alimentaire, grande distribution…) et du secteur pharmaceutique, qui gardent des niveaux de demande élevée même en période de stagflation car les populations gardent le besoin de s’approvisionner quelle que soit la conjoncture économique.

Parmi les autres types d’investissement qui sont vus comme étant des placements « anti-stagflation », l’immobilier, les matières premières et le private equity ou les Fonds Communs de Placement à Risques (FCPR) constituent de bonnes options pour limiter les risques de perte, même si ceux-ci sont toujours bien réels.

Cet article est donné à titre purement informatif, il ne constitue en aucun cas un conseil d’ordre financier, juridique ou fiscal de la part de Fortuneo, et ne saurait engager la responsabilité de Fortuneo pour toute décision prise ou non sur cette base.

Source : Jellyfish, Janvier 2023

Crédit Visuel : pexels


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