Le rôle de la BCE en quelques mots
Créée en 1998 et basée à Francfort-sur-le-Main, en Allemagne, la Banque centrale européenne (BCE) est un acteur indispensable au bon fonctionnement de la zone Euro. Elle a pour mission principale de définir et mener la politique économique et monétaire de l’Union européenne et de veiller à la stabilité des prix dans l’ensemble de ses Etats membres, de façon à favoriser la croissance économique et la création d’emplois. En d’autres termes, le rôle majeur de la BCE est de sauvegarder la valeur de l’euro et de lutter contre l’inflation.
Pour ce faire, l’institution, entièrement indépendante, assure différentes tâches. Lesquelles ?
Elle autorise la production de billets en euros par les pays de la zone euro ;
Elle surveille l’évolution des prix et, surtout, évalue les éventuels risques qui peuvent peser sur la stabilité de ces derniers ;
Elle surveille le bon fonctionnement des institutions et marchés financiers ainsi que des systèmes de paiement ;
Elle fixe les taux d’intérêt qui régissent les prêts qu’elle accorde aux banques commerciales de la zone euro.
Pour assurer la solidité du système bancaire européen et pour apporter un soutien temporaire à l’économie lors de périodes compliquées, la Banque centrale européenne peut aussi mettre en place des plans de rachat de titres et de dettes sur le marché secondaire. C’est justement ce qu’elle a fait au printemps 2020, en plein cœur de la crise majeure provoquée par le nouveau coronavirus.
Un plan d’aide décidé en mars 2020
Le 18 mars 2020, alors que l’Europe toute entière se retrouvait confinée suite à la pandémie de Covid-19, la Banque centrale européenne a annoncé le lancement d’un programme de rachat d’urgence « PEPP » (pour « Programme d’achats d’urgence pandémique ») visant à endiguer les effets de la crise sanitaire. Concrètement, qu’est-ce que cela implique ? Il s’agit d’un plan d’achat d’obligations publiques et privées sur les marchés qui permet à la BCE de racheter massivement la dette des Etats et d’entreprises de la zone euro sur les marchés. Dans un premier temps, son montant a été fixé à 750 milliards d’euros. Un montant historique, six fois supérieur à celui initialement annoncé quelques jours plus tôt. Le 12 mars 2020, c’est en effet une première enveloppe de 120 milliards d’euros qui avait été annoncée par la BCE. Une première décision que les milieux économiques et politiques n’avaient pas jugé suffisante face à l’ampleur des enjeux.
Cela signifie que, d’ici la fin de l’année 2020, l’institution s’est engagée à racheter 750 milliards d’euros de dettes sur les marchés, de façon à faire baisser le coût de financement des Etats de la zone euro, des entreprises et des ménages. Au moment de l’annonce du lancement de ce programme de rachat d’urgence inédit, Christine Lagarde, alors présidente de la BCE, a justifié ce montant colossal par le fait que « les temps extraordinaires nécessitent une action extraordinaire ».
Avec un tel plan d’urgence, la BCE donne aux Etats européens des clés pour limiter les conséquences dramatiques de la crise sanitaire et économique en cours et l’anxiété croissante quant à l’avenir. Elle espère notamment soulager les banques et les inciter à maintenir voire même à relancer leurs prêts aux ménages et aux entreprises, de façon à soutenir la production, la consommation et l’emploi et ainsi relancer l’économie. C’est une étape essentielle après une longue période de confinement qui a fait chuter brutalement l’activité économique à cause de la pandémie. Il s’agit à la fois d’éviter l’effondrement boursier et la hausse généralisée
du chômage, qui entraîneraient les Etats dans une récession profonde.
Dès l’annonce de ce plan d’urgence inédit, la BCE avait affirmé qu’il « n’y a pas de limites à (son) engagement envers l’euro », suggérant alors que d’autres mesures étaient susceptibles de suivre. Quelques semaines plus tard, l’institution se disait prête à « augmenter la taille et ajuster la composition » de son plan. Cela a été prouvé depuis.
Un programme d’urgence quasiment doublé depuis
Début juin 2020, alors que les prévisions concernant l’évolution du PIB de la zone euro restaient pessimistes et surtout très incertaines, la Banque centrale européenne a annoncé rajouter 600 milliards d’euros d’aide dans son programme d’urgence. Celui-ci s’élève donc désormais à 1 350 milliards d’euros, ce qui représente plus de 10% du PIB de la zone euro. À ce montant, s’ajoutent par ailleurs les 20 milliards d’euros mensuels annoncés à l’automne 2019 ainsi que les 120 milliards d'euros supplémentaires qui étaient prévus pour 2020 dans le cadre du programme « QE » (quantitative easing) de rachat de dette mis en place en 2015. C’est bien simple, jamais, dans son histoire, la BCE n’a injecté autant d’argent aussi vite.
En parallèle, l’institution a décidé de ne rien changer à ses taux d’intérêt, pour pouvoir faire facilement parvenir des liquidités à ceux qui en ont le plus besoin. La Banque centrale européenne a par ailleurs introduit un programme ciblé d’assouplissement des garanties pour aider les petites entreprises, les travailleurs indépendants ou encore les particuliers.
La BCE a aussi indiqué qu’elle allait réinvestir à leur échéance les titres participant au programme de rachat d’urgence PEPP et ce « au moins jusqu’à la fin 2022 » et qu’elle avait étendu ses achats d’actifs aux billets de trésorerie, vus comme une source de liquidité importante pour les entreprises.
Enfin, alors que le programme d’urgence devait prendre fin en décembre 2020, il a finalement été prolongé jusqu’en juin 2021. Et la BCE a d’ores et déjà fait savoir qu’elle mettra fin au programme seulement lorsqu’elle jugera que la phase de crise du Covid-19 est terminée.
Source: Webedia, Septembre 2020.
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